En pho­to, lors d’une confé­rence de presse du comi­té de sou­tien de La Feuille de chou : J.C. Meyer (« La Feuille de chou »), B. Schaef­fer (pour L’Alterpresse68) et A. Michon (pour Pumpernickel)

Pour « La Feuille de chou » : un ver­dict à venir

Accu­sé d’a­voir « por­té atteinte à l’hon­neur et à la consi­dé­ra­tion » du chef de la Mis­sion Roms de la ville de Stras­bourg, le fon­da­teur et direc­teur de publi­ca­tion de la revue élec­tro­nique « La Feuille de chou », J.C. Meyer, a été mis en exa­men en juillet 2015. Il devait com­pa­raitre le 5 avril 2016 devant le TGI de Stras­bourg. Repor­té, le pro­cès a fina­le­ment eu lieu le 2 juin 2016.

L’é­quipe de l’Alterpresse68, comme celles de beau­coup d’autres revues et asso­cia­tions, s’est ins­crite dans la dyna­mique d’un comi­té de sou­tien très actif qui s’est consti­tué dès le début de l’af­faire. Une péti­tion a recueilli plus de 1200 signa­tures dans sa ver­sion élec­tro­nique. Une confé­rence de presse s’est tenue du 3 mars 2016, co-orga­ni­sée avec des médias libres alsa­ciens qui sont mon­tés au cré­neau pour défendre « La Feuille de chou » et la liber­té de la presse. Le 30 mai 2016, tou­jours en sou­tien à « La Feuille de chou », c’est le socio­logue Eric Fas­sin – auteur de : « Roms et rive­rains : une poli­tique muni­ci­pale de la race » – qui est inter­ve­nu. (Voir un texte d’E­ric Fas­sin, sur son blog Media­part : « L’hon­neur et la consi­dé­ra­tion. Le pro­cès inten­té à La Feuille de chou »).

Le pro­cès du 2 juin, qui s’est dérou­lé dans un cli­mat ten­du, a connu quelques rebon­dis­se­ments. Vous pour­rez vous en aper­ce­voir à la lec­ture du compte-ren­du rédi­gé à par­tir de notes prises par des membres du comi­té de sou­tien de « La Feuille de chou« qui se sont entou­rés de moultes pré­cau­tions. C’est néces­saire dans ce genre d’exer­cice. Les rédac­teurs vont jus­qu’à rap­pe­ler en pré­am­bule l’ar­ticle 41 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liber­té de la presse : “Ne don­ne­ront lieu à aucune action en dif­fa­ma­tion, injure ou outrage, ni le compte ren­du fidèle fait de bonne foi des débats judi­ciaires, ni les dis­cours pro­non­cés ou les écrits pro­duits devant les tri­bu­naux.”. Seront-ils ame­nés à faire usage de cet article ?!…

Lisez ce compte-ren­du, vous com­pren­drez les pré­cau­tions prises et vous mesu­re­rez toute l’hos­ti­li­té que peut sus­ci­ter un média lors­qu’il essaie de révé­ler ce que font, et ce que sont réel­le­ment, cer­tains acteurs de la vie locale. Ils sont en géné­ral dépour­vus de la capa­ci­té à rela­ti­vi­ser les choses (ce que savent mieux faire les acteurs natio­naux), et s’a­charnent à com­pli­quer, voire empê­cher, toute expres­sion libre dès lors qu’ils estiment qu’elle risque de mena­cer l’i­mage qu’ils se font d’eux-mêmes. Ajou­tez à cela qu’il est plus facile de s’at­ta­quer à un petit média alter­na­tif, for­cé­ment plus vul­né­rable, qu’à un jour­nal d’un grand groupe de presse…

A la lec­ture du compte-ren­du vous ver­rez, à tra­vers un témoi­gnage, que dans cette affaire il n’y a pas que « La Feuille de chou » qui s’est affron­tée aux édiles stras­bour­geois : le bul­le­tin élec­tro­nique « Rue89-Stras­bourg » a lui aus­si ren­con­tré des obs­tacles dans l’exer­cice de son acti­vi­té d’information.

Le res­pon­sable de la revue papier « Pum­per­ni­ckel »(1) (il fait par­tie du comi­té de sou­tien) qui, lui, a sus­ci­té il y a quelques années l’ire d’un élu wis­sem­bour­geois, vous confir­me­ra que faire usage de sa liber­té d’ex­pres­sion n’est pas tou­jours chose facile. C’est pour­tant néces­saire, comme le rap­pelle une for­mule célèbre, par­ti­cu­liè­re­ment adap­tée aux situa­tions locales : « elle ne s’use que si on ne s’en sert pas ».

Ver­dict du pro­cès inten­té au direc­teur de publi­ca­tion de la « La Feuille de chou » : le 5 juillet pro­chain. Nous en repar­le­rons, donc.

Pour le « Nou­veau Jour J » : une victoire

Un autre de nos « confrères » a eu à subir les assauts rageurs de notables locaux : le « Nou­veau Jour J »(2). Media papier grand for­mat depuis 2013, dif­fu­sé dans les kiosques du Grand Nan­cy, il porte en sous-titre : « le jour­nal nan­céien pas encore ven­du au Cré­dit Mutuel ». Une qua­li­té, on en convien­dra, qui n’est pas de nature à s’at­ti­rer beau­coup de sym­pa­thie chez les res­pon­sables et élus du secteur.

Il aura suf­fi que le « Nou­veau Jour J » orga­nise, en juin 2013 – à l’oc­ca­sion de la paru­tion du pre­mier numé­ro ver­sion papier – un col­lage d’af­fiches sau­vage pour se faire connaître, pour que la Ville de Nan­cy porte plainte. Mais l’é­quipe du jour­nal est relaxée en mai 2014 devant une juri­dic­tion de proxi­mi­té. C’est alors le pro­cu­reur qui décide de pour­suivre. Mais Ros­si­not n’est pas loin, puisque le « Grand Nan­cy »(3) qu’il pré­side se consti­tue par­tie civile pour récla­mer 7146 euros au titre de la répa­ra­tion d’un pré­ju­dice et 7500 euros d’a­mendes par affiche. Quel pré­ju­dice ? Ce sont les frais de retrait de 68 affiches qui étaient récla­més. Soit 105 euros par affiche !

Ce qui aurait fait cher le coup de Kär­cher, comme l’a écrit le « Nou­veau Jour J ». Si Ros­si­not a cru voir là l’oc­ca­sion de se ven­ger des coups de cla­vier qu’a pu lui infli­ger la joyeuse et cor­ro­sive équipe du jour­nal, c’est raté : le 18 mars der­nier, le tri­bu­nal d’ins­tance de Nan­cy a relaxé sur la forme et sur le fond les six pré­ve­nus de l’af­faire de l’af­fi­chage sau­vage. Ils n’au­ront rien à verser.

Sou­la­gés, ils ont repris leurs salu­taires acti­vi­tés. Vous en aurez la preuve en vous ren­dant sur leur site.

L’é­quipe de L’Alterpresse68

(1) Pour s’a­bon­ner à « Pum­per­ni­ckel » : on peut le faire sur le blog du jour­nal (http://www.pumpernickel.fr). Le tarif est « indexé » sur le prix du timbre « écopli ».

(2) Pour s’a­bon­ner au « Nou­veau Jour J » : un chèque de 15 euros vous don­ne­ra droit aux cinq pro­chains numé­ros. A rédi­ger à l’ordre de « l’As­so­cia­tion Jour J », et à envoyer à : Nou­veau Jour J 55, rue de la Hache 54000 NANCY. Vous auriez pu décou­vrir « Le Nou­veau Jour J » ces deux der­nières années à la foire éco-bio de Col­mar, sur le stand de « Fakir ». Encore une revue qui, bien avant d’être célèbre, s’est affron­tée à un élu. Avec son sous-titre « Jour­nal fâché avec tout le monde. Ou presque. », pou­vait-il en être autrement ?!…

(3) Le « Grand Nan­cy », c’est la com­mu­nau­té de com­munes orga­ni­sée autour de Nan­cy. C’est l’é­qui­valent de « M2A », à Mul­house, en quelque sorte. Le « Grand Nan­cy » est pré­si­dé par Ros­si­not, qui a aban­don­né il y a quelques années ses fonc­tions de maire de Nan­cy à plus jeune que lui. Ros­si­not est membre de l’U­DI… Fina­le­ment, cela fait beau­coup de res­sem­blances avec le pré­sident de M2A, lui aus­si membre de l’U­DI !… Mais une dif­fé­rence sub­siste, pour l’ins­tant : J.M. Bockel n’a jamais por­té plainte contre L’Alterpresse68. Est-ce que nous serions moins bons que le « Nou­veau Jour J » ?!…